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domingo, 26 de diciembre de 2010

A Mouans-Sartoux, la démonstration d'art mouvant de Cécile Bart


Le Monde

Un château en guise de toile... La Française Cécile Bart s'est emparée du moindre mur du manoir de Mouans-Sartoux, qui abrite l'Espace de l'art concret, non loin de Cannes. Sol, plafond, fenêtres... Elle crée ainsi une superbe oeuvre d'art totale : un labyrinthe de lueurs et de nuances qui fait valser une radicale géométrie.

De cette peintre discrète, on connaissait déjà les compositions de transparences imaginées en colorant de translucides tergals encadrés. Mais jamais l'on n'avait vu une installation aussi magistrale et vaste. L'artiste a d'abord travaillé sur une maquette, sur laquelle elle a jeté au hasard des rectangles colorés. Elle s'est ensuite inspirée de cette composition aléatoire pour habiller chaque salle.

Ici, c'est au spectateur de créer sa propre oeuvre d'art : à chaque pas, l'installation change, selon les perspectives et les caprices de la lumière. Incroyablement dynamique, elle propulse le corps, et propose à chaque détour de salle des surprises plastiques. Au gré de la déambulation, l'espace s'évide ou se remplit, une composition en positif se révèle d'un coup négative, des fantômes de formes surgissent. Le corps est convié à inventer sa propre chorégraphie ; à déjouer les hors-champs dont l'exposition s'affole ; à revenir sur ses pas pour voir une même salle se modifier selon la manière dont on y pénètre.




MÉTÉO-DÉPENDANTE

De face, les toiles laissent passer toute la lumière pour inventer des camaïeux ; on y voit encore les traces de chiffon qui viennent disperser les pigments. Quand on les observe de côté, elles inventent soudain une complète opacité : monochromes orange vif, vert amande, blanc cassé, bleu de mer, qui s'affrontent aux géométries que Cécile Bart a peintes à même le mur. Les jours de soleil, le lieu irradie ; si la pluie survient, l'ensemble devient moins sculptural, plus cérébral.

C'est pourquoi, pour s'adapter au mieux à cette oeuvre météo-dépendante, l'Espace de l'art concret a changé ses horaires d'ouverture afin de suivre les mouvements du soleil : il est ouvert de 11 à 17 heures, ce qui permet d'éviter tout éclairage artificiel qui ruinerait l'ensemble.

Ce sont les fenêtres qui offrent les jeux les plus spectaculaires : recadré par la toile, le beau jardin alentours y transparaît, légèrement teinté.

Surtout, il crée sur le cadre de superbes jeux d'ombres chinoises : impression soleil levant d'un lierre ou d'une balustrade qui viennent soudain jouer les acteurs d'une réalité réinventée. La figuration s'invite ainsi avec malice dans une délicieuse ode à l'abstraction.

Ce jeu de cartes déployé et ébouriffé fait songer à la salle de bal de l'Aubette, chef-d'oeuvre de l'abstraction de l'entre-deux-guerres que Jean Arp, Sophie Taeuber-Arp et Théo van Doesburg ont conçue pour Strasbourg. Récemment restaurée, elle propose une expérience infiniment sensuelle de l'abstraction : un lieu où l'esprit se met au diapason du corps. Cette exposition de Cécile Bart en est un des superbes héritiers.


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"L'hypothèse du fond perdu", Cécile Bart,

Espace de l'art concret, château de Mouans, Mouans-Sartoux (Alpes-Maritimes). Tél. : 04-93-75-71-50. Du mercredi au dimanche de 11 à 17 heures. De 2,50 € à 5 €. Jusqu'au 9 janvier.

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